Il y a deux siècles, la France connaît un bouleversement politique retentissant quand, à la suite de sa défaite militaire, l’empereur Napoléon Ier est contraint d’abdiquer le 6 avril 1814 et part en exil sur l’île d’Elbe. Cette même année, le territoire des Hauts-de-Seine est endeuillé par deux disparitions de membres illustres de la cour impériale : l’ancienne impératrice Joséphine s’éteint dans sa demeure de la Malmaison et Le Plessis-Piquet apprend la mort de son châtelain Claude Régnier, duc de Massa et Grand-Juge de Napoléon, c'est-à-dire le ministre de la Justice impériale.

Une fin d’Empire en 1814 

Né lorrain en 1746, Claude-Ambroise Régnier suit des études de droit avant d’être successivement avocat au Parlement de Nancy, procureur général de la principauté de Salm (dans l’est des Vosges), puis président du district de Nancy, fonction dont il se voit destitué en 1794, en pleine Terreur révolutionnaire. Il mène en parallèle une carrière politique. Poussé par ses compatriotes, il est élu député du Tiers- Etat en 1789 dans le baillage de Nancy, puis député de la Meurthe au Conseil des Anciens en 1795 avant de prendre la présidence de cette assemblée. 

La reconnaissance de napoléon 

Fervent soutien de Napoléon Bonaparte, il apporte un concours décisif au coup d’état du 18 brumaire (9 novembre 1799) fomenté par le général à l’orangerie de Saint-Cloud. La reconnaissance de Napoléon sera dès lors permanente et la carrière de Claude Régnier suivra l’ascension du nouvel homme fort de la France. Rédacteur de la Constitution de l’an VIII qui institue le Consulat, il entre au Conseil d’État, exerce les fonctions de ministre de la Justice de 1802 à 1813 avant d’être nommé ministre d’État et président du Corps législatif. Parallèlement, Claude Régnier est anobli par Napoléon : il est fait comte de l’empire puis duc de Massa-di-Carrara en 1809. 

Châtelain du Plessis-Piquet 

Claude-Ambroise Regnier © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Gérard Blot

Au faite de sa réussite, Claude Régnier achète le château du Plessis-Piquet, l’actuel Hôtel de Ville, le 20avril 1808 (voir Les châtelains robinsonnais). Ce bien foncier acquis pour la somme de 150000 francs, dont 25000 pour le mobilier, restera dans sa famille une bonne décennie, jusqu’au 5 août 1817. De sa vie au Plessis, on retient que le nouveau châtelain obtient de Napoléon l’autorisation d’acheter à la commune la dernière enclave comprise dans les communs du château, le terrain du cimetière paroissial, situé derrière l’église, afin d’agrandir ses dépendances (le cimetière est alors déplacé au niveau de l’actuelle rue Paul-Rivet, voir Histoires d’archives n° 23). 

À la fin de l’empire 

Le dernier passage du duc de Massa au Plessis-Piquet a lieu en avril 1814, au moment de l’abdication de Napoléon et du retour au pouvoir des rois Bourbon, comme nous le révèle la revue Le Pays lorrain et le Pays messin, (1909) : « Débarrassé du fardeau des responsabilités, il ne devait pas jouir longtemps du repos. Après un court séjour à son château du Plessis- Piquet, puis à Rouen chez son ami Dupont de l’Eure, il ne tardait pas à revenir à Paris » où il meurt, terrassé par une apoplexie le 25 juin 1814.

 

Voir aussi

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