Imprimer

La Sainte-Barbe, fête des sapeurs-pompiers

Histoire d'archives n°46

La subdivision des sapeurs-pompiers du Plessis-Piquet au début du XXe siècle, photographie de Paul Javelle (collection Christian Gautier)

En décembre, il y a bien sûr la Saint-Nicolas et la Nativité, jours fêtés par les enfants et leurs familles. Mais il y a aussi, ou plutôt il y avait, la Sainte-Barbe, fête quelque peu oubliée en milieu urbain aujourd’hui mais largement célébrée au Plessis-Piquet, puis Plessis-Robinson, de 1905 à 1931, comme l’attestent quelques pièces d’archives (invitations, menus du banquet, allocutions, correspondances…).

La Sainte-Barbe, le 4 décembre, est une fête traditionnelle, populaire et même patriotique. Vivant au IIIe siècle de notre ère, Barbe fut décapitée par son père, en raison de sa foi chrétienne. A peine son crime commis, l’homme fut châtié par le Ciel, frappé par la foudre. C’est ainsi que Sainte-Barbe devint la patronne des professions liées au feu et à la foudre : pompiers, mineurs, métallurgistes ; et pour l’armée, artilleurs, sapeurs, canonniers, artificiers, ingénieurs de combat, démineurs et autres corporations liées au feu. Rappelons enfin que la sainte est aussi la patronne de l’Ecole polytechnique.

Au sein du corps des sapeurs-pompiers, la fête de Sainte-Barbe est souvent associée à un défilé, à un repas ou à un bal. Ces manifestations se tiennent au Plessis- Robinson entre le 2 et le 20 décembre selon les années. Nous sommes au temps de la prospérité des guinguettes, les fêtes se déroulent donc naturellement, dans les salons de la Maison Gueusquin, au Vrai Arbre établissement Ratti, ou encore au restaurant du Pavillon Lafontaine de M. Blandeau. Il en coûte pour le banquet, de 5,5 à 25 francs, accès au bal compris, le vestiaire étant en supplément et…obligatoire.

Menu du banquet de la Sainte Barbe 1909 (Archives municipales 3H4)

La fête annuelle de nos sapeurs-pompiers, selon le maire, M. Jaudé, accueille certes « la population toujours aussi empressée », mais sur les invitations, dans les échanges de correspondance, on insiste surtout sur la présence des autorités civiles (commissaires de police, magistrats), politiques (maires voisins, trois ou quatre sénateurs), militaires (officiers supérieurs : commandant de gendarmerie nationale de Sceaux, un général commandant du département de la Seine, un colonel « providence des conscrits de cette région »..) ou de notables robinsonnais comme Messieurs Hachette, Mallet…

Les menus de 1908 et 1909 (où l’on peut s’interroger sur la recette du « potage à la Robinson ») illustrent bien « le dévouement généreux de ces braves gens », combattants du feu en action périlleuse sur un toit ou sur une échelle dressée contre la façade d’un immeuble incendié.

Les allocutions d’accueil ne sont pas toujours de vains exercices oratoires. Elles permettent d’appréhender l’atmosphère, dans cet avant-guerre de 1914, par exemple, où sont admirés « les uniformes militaires, solennels, imposants...» et où il est clamé que « notre armée nationale [est] fidèle gardienne de la foi républicaine, fidèle gardienne de l’honneur et de l’intégrité de notre Patrie ». Elles permettent aussi de découvrir des progrès techniques et humains pour nos sapeurs-pompiers. Ainsi apprenons-nous, en 1911, qu’une étude est engagée pour installer sur divers points de notre territoire douze nouvelles bouches d’incendie, rendues d’autant plus nécessaires à la suite des incendies soudains et dévastateurs de l’été 1911. Une bonne partie de la dépense est couverte par des dons et par des subventions, à la suite d’interventions du maire au Ministère de l’Intérieur, à la Préfecture de police et auprès des compagnies d’assurance. On nous révèle encore, par allusion, la promesse de l’achat d’une auto-pompe par la municipalité… Quant aux effectifs de sapeurs-pompiers, ils augmentent brusquement de 14 unités grâce aux volontaires issus du personnel de l’école horticole et professionnelle juive sise au château Colbert. Ces recrues sont habillées et équipées aux frais exclusifs de la fondation scolaire, une contribution si généreuse que M. le maire Paul Jaudé affirme que l’école horticole est devenue « la caserne des sapeurs pompiers de la commune du Plessis-Robinson » !

Donnons la parole une dernière fois au premier édile de la commune, admiratif lors du banquet : « la toge cédera ce jour aux armes : c'est-à-dire que vous êtes les héros de la fête de Sainte-Barbe…la personnification du dévouement et de l’abnégation, vous les pompiers ! ».

La subdivision des sapeurs-pompiers du Plessis-Robinson dans les années 1930
(Archives municipales, 3 Z 54)

Sources :

 

Archives municipales, sous-série 3 H : archives de la subdivision des sapeurs-pompiers du Plessis-Robinson (1876-1962).
Voir aussi Histoires d’archives n° 9 : « 9 août 1881, des pompiers au Plessis » 

Les autres sites du Plessis-Robinson

Plan de la ville

Mairie du Plessis-Robinson

3, place de la Mairie
92350 Le Plessis-Robinson
01 46 01 43 21
Les horaires de la Mairie