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La chasse aux animaux nuisibles vers 1910

Histoires d'archives N°38

Photo : La ferme du château (Archives municipales)

 

Au détour des rayonnages des archives municipales, un carton intitulé "animaux nuisibles" attire l’attention. En examinant son contenu, on découvre qu’au début du XXe siècle, de véritables plans de bataille étaient échafaudés pour tenter de détruire les animaux qui ravageaient les récoltes. Pour surprenante qu’elle soit de nos jours, cette lutte des hommes contre certains animaux prouve l’importance encore majeure de l’agriculture dans notre ville à l’époque. En effet, vers 1900, les terres cultivables représentent 324 des 341 hectares du territoire communal. Mais si l’on comprend bien l’enjeu vital pour les six fermes du Plessis de veiller à la sauvegarde de leurs récoltes, le lecteur contemporain est surpris par l’encadrement sévère de cette lutte contre les animaux nuisibles, strictement réglementée par la préfecture de police et par le ministère de l’Agriculture.

Le premier ennemi désigné est le hanneton. Cet insecte coléoptère fait en effet ses délices de toutes les plantations qu’il rencontre entre avril et juin. Les dégâts qu’il provoque, et donc le manque à gagner pour les agriculteurs, sont tels qu’il fait l’objet dès 1889 d’une véritable traque organisée par l’État. Ainsi, le préfet de police de la Seine "enjoint les propriétaires d’avoir à ramasser et détruire" les hannetons. Une autre circulaire préfectorale rappelle que par une ordonnance de 1890, "les propriétaires sont tenus d’écheniller les arbres, haies et buissons pendant l’hiver" pour éviter que les hannetons ne se propagent au printemps. Les propriétaires ou exploitants agricoles qui viendraient à se dérober à cette obligation sont qualifiés de "délinquants" contre lesquels il faut dresser "des procès-verbaux de contraventions". Parallèlement à ces menaces, le maire du Plessis propose une allocation de 0,40 francs par kilo de hannetons et de leurs larves ramassés. En effet, leur "propagation menace de prendre un caractère de calamité publique". L’attribution d’une récompense à toute personne contribuant au hannetonnage révèle la menace que fait peser cet insecte sur la communauté. Il s’agit bien là de préserver l’approvisionnement de la population en nourriture tout en préservant la source de revenu des agriculteurs.

 


Lettre du pépiniériste Croux
(Archives municipales)

Un second volet de l’extermination des animaux nuisibles est consacré aux lapins de garenne et aux lièvres. Cette fois, ce sont de véritables battues qui sont organisées, le plus souvent à la demande de monsieur Malet, le fermier du château, et monsieur Croux. La célèbre maison Croux fondée en 1836 exploite 125 hectares de pépinières (fruitiers et végétaux d’ornements) aux abords de la forêt de Verrières. Basé à Châtenay-Malabry, le pépiniériste n’en exploite pas moins des terrains au Plessis-Robinson au lieu-dit Les Cents Arpents, près du Petit-Bicêtre (Petit-Clamart). Monsieur Croux se plaint fréquemment par écrit des "délits, dommages et dégâts" causés par les rongeurs. Les battues autorisées par les pouvoirs publics pour les éradiquer comptent de six à quinze fusils répartis entre les huit propriétaires agricoles ou locataires exploitants. L’inspecteur des Eaux et Forets limite expressément l’usage des fusils à des "chasseurs éprouvés et prudents" et autorise la présence de six rabatteurs. Parmi les participants à cette battue figurent monsieur Croux, le garde de la propriété de la famille Hachette, et le maire du Plessis, Paul Jaudé. Et pour renforcer le caractère public de cette chasse, le gibier tué est adjugé au profit exclusif des œuvres d’assistance et de bienfaisance de la commune (voir Histoires d’archives n° 36).

Derniers animaux nuisibles évoqués, mais non des moindres : les oiseaux, essentiellement les corbeaux, mais aussi les pies, les pigeons ramiers et les geais. Des autorisations spéciales sont accordées par les représentants des pouvoirs publics aux propriétaires pour leur permettre de chasser ces oiseaux voraces au moyen de fusils. Ainsi, les fermiers se voient régulièrement renouveler leur autorisation de chasse entre 1909 et 1925, ce qui laisse deviner les dégâts que ces volatiles étaient susceptibles de causer dans leurs champs.

Ces archives sur la lutte contre les animaux nuisibles nous offrent ainsi une évocation à la fois proche et étrangement surannée de la vie du Plessis autrefois, avant que la construction des cités-jardins ne transforme le village rural en véritable ville des abords de Paris.

Sources :
Archives municipales, série F.

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