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1692: Naître, vivre et mourir au Plessis-Piquet

Histoires d'archives N°37

Photo : Première page du registre paroissial de 1692 (archives municipales)

 

Le registre paroissial de 1692 est le plus ancien document conservé aux archives municipales. Utilisé par le curé du Plessis pour enregistrer consciencieusement les baptêmes, mariages et inhumations de ses paroissiens, il est une mine d’or pour qui veut connaître la vie quotidienne de la centaine d’habitants du village du Plessis-Piquet à la fin du XVIIe siècle. 

En 1692, seuls quinze actes sont consignés : huit baptêmes, deux mariages et cinq inhumations. L’étude de ces actes est riche d’enseignements : l’âge des mariés et des défunts, l’origine sociale des villageois, la variété des métiers, et même le niveau d’alphabétisation de la population.

Ainsi, les hommes se marient entre 25 et 30 ans, les femmes entre 20 et 26 ans. On peut s’étonner de cet âge avancé au mariage dans un monde où l’espérance de vie ne dépasse guère 40 ans, mais s’est oublier que, pour se "monter en ménage", selon l’expression du temps, le jeune homme devait déjà disposer de ressources suffisantes à l’entretien d’une famille, et la jeune fille d’une dot ou tout du moins d’un trousseau. Au XVIIe siècle, les étapes du mariage sont les suivantes : publication des bans, puis fiançailles et noce à l’église. Le mariage civil ne sera introduit qu’à la Révolution.

Dans les actes de baptême, les enfants de sexe féminin sont qualifiés d’enfants "femelles" et les enfants de sexe masculins d’enfants "masles". Pour assurer leur vie éternelle dans l’au-delà, les bébés sont baptisés très rapidement. En effet à l’époque, la mortalité infantile fait des ravages, et un enfant sur quatre meurt avant l’âge d’un an.

A la lecture de ces actes se dessine donc le tableau d’une seigneurie rurale de la fin du règne de Louis XIV. Les hommes qui y apparaissent sont manouvriers, c'est-à-dire des ouvriers peu qualifiés exécutant de gros travaux, gardes champêtres, "garde du Plessis" (sans doute gardien du château), ou encore maçons. Mais l’orbite de Paris se fait sentir parmi les parents plus éloignés, tels les parrains des enfants, qui sont bourgeois, gardes du Roi, procureur au Châtelet de Paris, marchands divers, etc. Ainsi, la petite Françoise Marguerite baptisée le 6 juin 1692 a pour parrain Christophe Bachelier, chirurgien à Paris. Sa marraine, Françoise Marchand, elle, "déclare ne savoir signer".

De fait, ces actes nous renseignent également sur le niveau d’alphabétisation de la population du village. Sur les quinze actes, dix sont signés, cinq ne le sont pas. Cet échantillon réuni par les hasards des naissances, mariages et décès de 1692 n’est pas représentatif de l’ensemble des villageois, mais il est intéressant de comparer ces chiffres avec la moyenne nationale de 21% de Français qui, à la même époque, savaient signer et donc, lire et écrire un minimum (ce chiffre passe à 37 % à la veille de la Révolution, et à 72% vers 1870).

Tous ces renseignements sont dus à l’ordonnance de 1539 prise par François Ier qui encadre la tenue des registres paroissiaux. Il demande aux curés d’enregistrer en français, et non plus en latin, les baptêmes, mariages et sépultures de leurs paroissiens. Le but est alors de donner une existence officielle à chaque individu, et en particulier de pouvoir calculer l’âge de la majorité. Par ailleurs, c’est aussi à ce moment qu’apparaît l’obligation du port d’un nom de famille en bonne et due forme. En 1667, Louis XIV impose la tenue de ces actes en deux exemplaires : un original, ou "minute", qui demeure en principe dans la paroisse et qui est conservés de nos jours aux archives municipales, et une copie ou "grosse" adressée à l’administration royale et qui fait partie aujourd’hui des collections des archives départementales.

Ainsi, ces actes témoins de la vie de quelques uns des vingt-et-un millions de sujets de Louis XIV nous permettent d’appréhender leur quotiden : telle veuve avec enfants en bas âge qui se remarie vite avec un veuf en charge d’enfants, situation fréquente à l’époque, il faut bien survivre, ou tel bébé qui décède seulement quelques heures après sa naissance… Cette familiarité avec les Robinsonnais du Grand siècle nous révèle l’importance fondamentale des registres paroissiaux qui constituent en réalité bien souvent les seules traces sur terre du passage d’hommes et de femmes inconnus, humbles Français disparus.

 

Le clocher de l’église où furent célébrés les baptêmes, mariages et funérailles de 1692 (collection Christian Poireaux) 

 

 

 

 

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