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30 pluviôse an II, jour de fête patriotique au Plessis Liberté

Histoire d'archives n°49

« 30 pluviôse An II », c’est à dire 18 février 1794… On peut s’étonner de cette curieuse date si on ne se souvient pas que, pendant la Révolution, les législateurs de la Convention ont adopté un nouveau calendrier afin de faire oublier les temps anciens de la Monarchie. La nouvelle ère, celle de la « Liberté », débute ainsi à l’instauration de la Première République, le 22 septembre 1792. Cette vague de renouveau touche aussi Le Plessis-Piquet*. Pour afficher son adhésion aux idées nouvelles, le village décide d’abandonner le nom de son ancien seigneur, Jean Piquet de La Haye, « qui porte les traces de l’ancienne féodalité qu’il est désirable de proscrire à jamais », pour adopter le celui de Plessis-Liberté.

Fête en l'honneur de l'Etre Suprême à Paris, le 8 juin 1794 (droits réservés)

En ce 30 pluviôse, les citoyens du Plessis-Liberté se réunissent pour une fête « civique et Républicaine » organisée dans l’église Sainte-Marie-Madeleine, devenue Temple de la Raison à l’image de Notre-Dame de Paris et de nombreuses autres églises de France. Comme l’indique une inscription au dessus de la porte, l’édifice est en effet désormais voué à « la réunion des citoyens en Assemblée générale ». C’est que les Révolutionnaires, souvent athées ou voltairiens, ont voulu rompre avec la tradition catholique française, associée à leurs yeux à l’ancien régime monarchique. Les prêtres réfractaires aux changements sont pourchassés et souvent massacrés ou exécutés tandis que de nouveaux cultes « patriotiques », promus notamment par Robespierre, sont substitués au catholicisme pour célébrer la Déesse de la Raison puis l’Être Suprême et ainsi déchristianiser la population. 

Notre fête patriotique du 30 pluviôse est relatée avec force détails dans les archives. Elle a pour vocation de célébrer la victoire des armées de la République sur les Anglais à Toulon . La cérémonie s’articule autour de trois temps forts hautement symboliques : l’inauguration d’un arbre de la Liberté, l’installation au cœur du Temple de la Raison des bustes des députés très populaires Marat et Le Pelletier de Saint-Fargeau, et la pose d’une pierre de la Bastille sur laquelle sont gravés les Droits de l’homme et du Citoyen. 


La place de l'Eglise, telle qu'ont dû la connaître les Révolutionnaires.
Au fond, l'entrée de l'église Sainte-Marie-Madeleine, devenue temple de la Raison (Archives Municipales, 4 Fi MAI 7)

Cette journée dont on peut retrouver une dizaine d’étapes s’étend de 11 heures du matin jusqu’au milieu de la nuit suivante. Elle commence par le rassemblement des citoyens au Temple de la Raison, où à la suite du Maire, on chante « l’hymne chéri de la liberté ». Le cortège se met ensuite en route avec la Garde nationale, « drapeau, musique et tambour » ; deux citoyens portant la table des Droits de l’Homme. Un char décoré de végétaux est dominé par une jeune citoyenne jouant le rôle de la déesse de la Raison. La Municipalité et le Comité de surveillance suivent le convoi. Arrivés à la « Montagne », on plante un « superbe peuplier » représentant l’arbre de la Liberté, au milieu des chants patriotiques. Au bas de la commune, on se saisit des bustes des deux députés que l’on dépose sur un autel .Un discours prononcé par la déesse Raison est accompagné d’une salve de mousqueterie de la Garde nationale et de cris de « Vive la République, Vive la Montagne et Vive la Nation »…Au sommet de la «Montagne », une jeune citoyenne récite la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Le cortège rejoint enfin le Temple de la Raison où sur un autel on dépose les bustes des Martyrs. Le Maire, sur une tribune, achève la cérémonie par un discours. Viennent enfin les moments de loisirs : la jeunesse danse gaiement, et à deux heures, dans un vaste local orné, les citoyens partagent un petit banquet républicain, accompagné de chants et de danses jusqu’au milieu de nuit.

Cette ferveur révolutionnaire était-elle sincère ou plutôt prudente en ces temps de Terreur où mieux vaut ne pas contrarier le pouvoir central ? Difficile de le dire face au récit officiel de cette cérémonie très codifiée. Quoi qu’il en soit, les seize signataires du compte-rendu de la fête, prétendent que les citoyens présents se résolvent à « s’aimer réciproquement » et à « mourir pour le maintien de la Constitution et de l’exécution des Lois »…

* Le Plessis-Liberté redeviendra Le Plessis-Piquet en 1801 avant de prendre définitivement le nom de Le Plessis-Robinson en 1909.

Sources

 

Archives municipales du Plessis-Robinson, registre des délibérations du Conseil municipal.

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