Imprimer

Les jolies colonies de vacances

Histoires d'archives n°42

Photo : La colonie du Plessis à Saint-Martin de Brêm (Vendée), le 15 août 1946
(Archives municipales)

 

La venue prochaine des vacances d’été nous incite ce mois-ci à partir à la découverte des vacances des petits Robinsonnais aux lendemains de la guerre. Le journal de bord des colonies municipales de 1948, baptisé Le Lien et soigneusement rédigé par les moniteurs et les enfants, va être notre guide dans ce voyage dans le temps. Destination Usson du Poitou (Vienne), Saint-Martin de Brêm (Vendée) et Arnould (Vosges) pour des vacances enfantines.

Des voyages harassants

On est tout d’abord surpris par la multiplicité des modes de transport qui acheminent les jeunes Robinsonnais sur leurs lieux de villégiature. C’est que les routes de 1948 ne sont pas celles d’aujourd’hui. Par exemple, nos colons à destination des Vosges ont dû emprunter le car jusqu’à Paris puis trois trains successifs avant de prendre à nouveau un car. Puis, au cours d’une excursion programmée durant leur séjour, certains sont transportés en camion. On sent bien que le confort et les règles de sécurités n’étaient pas les mêmes qu’à notre époque…

Une alimentation surveillée

Le poids des séquelles de la guerre, les restrictions du ravitaillement, sont particulièrement prégnants dans le domaine de l’alimentation. Quatre ans après 1944 on vit encore sous le régime des cartes de rationnement alimentaire. Les directeurs rivalisent d’astuces pour parvenir à rassembler toute la nourriture dont ils ont besoin. L’approvisionnement en beurre et en pain étant difficile dans les Vosges, on fait appel aux parents pour qu’ils se dessaisissent de leurs tickets de rationnement à l’attention des enfants qui dévorent chaque jour…75 kg de pain !!! A Usson, l’infirmière de la colonie note que « la nourriture est reconnue excellente et très saine » et qu’une « grande quantité de laitage y est absorbée ». Légumes, viandes, lait et fromages sont acheté sur place, ce qui représente certainement un débouché appréciable pour l’économie locale.
Parallèlement, la santé des enfants est scrupuleusement surveillée grâce à des pesées régulières. L’infirmière constate « une sensible augmentation de poids […] grâce à la sagacité des animateurs et […] à la succulence et à l’abondance de la nourriture ». On observe des « visages arrondis, des teints plus frais, des nerfs calmés, un équilibre revenu […] grâce à la campagne poitevine reposante ». Seules trois interventions du médecin (encombrements gastriques) pour 140 enfants sont nécessaires à Arnould.
Pour ce qui est de l’hygiène, la toilette se fait au lavabo la semaine et chaque samedi, on profite de la douche hebdomadaire où un shampoing mousseux est administré.

Les activités de plein air privilégiées

Les activités sont modestes, variées, bon marché, souvent physiques et intellectuelles, toujours ludiques. Pendant 45 jours d’une vie saine et joyeuse, les enfants découvrent le milieu naturel et la vie locale. Les activités de plein air sont les plus nombreuses. La campagne vosgienne permet par exemple la découverte de la flore, du relief, ainsi que la pratique de nombreuses activités (bûcherons, baignade en rivières, etc.). A Usson, la colonie occupe un manoir voisin d’une ferme qui devient vite un centre d’intérêt permanent pour les enfants. Ils y apprennent à s’occuper des cochons, moutons et autres animaux, ou encore à faire cuir le pain. Ici aussi, les baignades en rivières répondent à la fringale de natation de tout ce petit monde, même si certains enfants préfèrent la pêche aux poissons-chats. A Saint-Martin de Brêm, les promenades à la mer ont les faveurs des colons. Une camionnette y conduit les vingt plus petits pendant que les grands les rejoignent à pieds, en chantant. La mer, le sable, les dunes, autant de lieux d’attractions nouvelles pour beaucoup d’entre eux. La construction de châteaux de sable, la recherche de coquillage occupent dès lors le temps des enfants.
Certains événements rythment les vacances des colons. Les fêtes des colonies, souvent ouvertes aux villageois, permettent de recueillir de l’argent immédiatement réinvesti dans des excursions exceptionnelles à la mer pour les Poitevins d’adoption ou au Ballon d’Alsace pour les petits Vosgiens. Des journées découvertes permettent également une approche des réalités agricoles ou artisanales quand la France de l’époque est encore rurale à 40-50%, pour des enfants de la banlieue parisienne. En font partie les granges d’altitude dans les Vosges, avec nuitée des enfants au dessus des étables, la visite de l’huilerie centenaire d’Usson dans le Poitou avec en prime dégustation d’huile de noix, de citrouille, d’oeillette (pavot).
Comment ne pas évoquer également les matchs de hand-ball, les jeux de piste, les promenades, les travaux manuels d’extérieur où les jeunes colons redoublent d’imagination pour confectionner toute sorte d’objet à l’aide de joncs, de baies d’églantier ou encore d’os de sèche…

Des valeurs civiques et patriotiques

Les dimensions civiques et patriotiques de la vie dans les colonies méritent d’être évoquées parce qu’elles se manifestent dans tous les domaines. Le poids de l’histoire récente de 1940-1944 se traduit par la multiplication des gestes patriotiques : dépôts de gerbe aux monuments aux morts des communes d’accueil, minutes de silence, marche au pas, chant de la Marseillaise ou du Chant des Partisans, etc.
Par ailleurs, même si l’ambiance des colonies est bon enfant, on y sent un encadrement directif mais respecté des enfants. Des valeurs de solidarité et d’émulation sont inculquées, des règles de distinction honorifiques, comme le port du fanion du groupe par exemple, sont mises en place pour récompenser les enfants méritants.

En 1948, dans les colonies du Plessis, l’ennui est inconnu : ici on chante (« Toujours chantant, nous venons du Plessis… »»), là on rit, des cris de satisfaction, des exclamations enfantines résonnent partout…Et comment ne pas noter pour finir certains mots d’enfants soigneusement consignés par leurs moniteurs et qui témoignent de tout l’enthousiasme et la fraîcheur des jeunes Robinsonnais découvrant la nature : « Ah ! mon bateau il a fait la galipette », « l’écureuil, on dirait qu’il joue à cache-cache tout seul ».


Photo : La colonie du Plessis à Saint-Martin de Brêm (Vendée), le 15 août 1946
(Archives municipales)

Sources :
Archives municipales, série R.

Les autres sites du Plessis-Robinson

Plan de la ville

Mairie du Plessis-Robinson

3, place de la Mairie
92350 Le Plessis-Robinson
01 46 01 43 21
Les horaires de la Mairie