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1881 : maison de campagne à vendre

Histoires d'archives N°39

Photo : Affiche annonçant la vente d’une maison de campagne, 1881 (Archives municipales)

Si certaines belles propriétés bourgeoises ont traversé les siècles et sont parvenues jusqu’à nous, à l’image du château Colbert, de la maison Sertillanges ou encore du Moulin Fidel, d’autres n’ont pas survécu à l’évolution urbaine qui a transformé le village rural du Plessis-Piquet en une ville à part entière. Le souvenir de ces demeures disparues ne peut alors ressurgir qu’au hasard des plans anciens, matrices cadastrales, cartes postales, photographies et autres archives précieusement conservées.

Une publicité de vente imprimée en 1881 révèle ainsi l’existence, bien oubliée depuis, d’une "maison de campagne avec parc, potager et dépendances", située à la croisée de la route départementale n° 67 de Versailles à Choisy (rue Édouard Herriot) et du chemin rural de la Cavée (rue Paul Rivet), à l’emplacement actuel du quartier du Bois des Vallées.

Le contexte de cette vente semble trouble. En effet, il s’agit d’une vente aux enchères au cours d’une audience des saisies immobilières du Tribunal civil de la première instance de la Seine, au Palais de justice de Paris. Le produit de la vente, dont la mise à prix est de 35 000 francs (si l’on compare avec le prix du pain de l’époque, cette somme équivaut environ à 320 000 €), doit permettre d’éponger les dettes de son propriétaire, Monsieur Lérant. Revers de fortune, mauvaise gestion, nous n’avons pas plus de détail sur les raisons qui ont conduit à cette vente…

Quoi qu’il en soit, le prospectus nous décrit précisément la propriété composée d’une maison de maître, ainsi que de communs sur deux niveaux réunissant logement de concierge, écuries, remises et chambres à l’étage. Des bâtiments situés perpendiculairement en retrait abritent un logement de jardinier, une remise, un cellier qui sert de réserve garde-manger, des caves, et diverses pièces en mauvais état. En prolongement, au pied du potager on découvre une orangerie (Le Plessis en compte déjà deux grandes : celle du château Colbert et celle construite par Jérôme Bignon dans le parc de son château, l’actuel hôtel de ville), une serre à primeurs, un puits et un logement de jardinier surmonté d’un grand grenier.

Poursuivons le tour du propriétaire pour mieux apprécier l’étendue du domaine et son aménagement. Il s’agit d’un lot d’une superficie de 4,4 hectares limité au Nord par le Bois-Brûlé et le futur Bois de la Solitude, à l’Ouest par le lieu-dit "La Fosse aux Chevaux" où sera construit bien plus tard le collège Romain Rolland, au Sud par la briqueterie du Carreau, et à l’Est par les propriétés bourgeoises constituées sur les terres de l’ancien couvent des Feuillants. On parcourt un parc planté d’arbres, une prairie, et, contournant une mare, on aboutit à des potagers séparés par un mur garni d’arbres en espaliers à la manière du Potager du roi, créé par La Quintinie à Versailles. L’ensemble est clos par une haie vive à l’Ouest et par des murs sur les trois autres côtés.

Le domaine semble donc charmant, mais l’annonce prend toutefois bien soin de mettre en garde le futur acheteur : "les bâtiments sont dégradés en partie par suite de l’occupation allemande et sont en très mauvais état", ce qui nous rappelle les ravages causés dans toute la région parisienne par la guerre de 1870 et l’épisode de la Commune de Paris qui s’en est suivi. La vétusté des bâtiments laisse toutefois apparaître leur grandeur passée : l’entrée principale sur la route départementale est fermée par une grille en fer forgé et donne accès à une cour précédant la maison de maître. Une seconde entrée, sur le chemin de la Cavée, permet un accès pratique et discret aux différents communs agricoles et aux terres complantées.


Plan du Plessis-Piquet, vers 1930. On y distingue bien l’emprise de la propriété vendue en 1881. (Archives municipales, série T)

La publicité de vente et les plans de l’époque permettent ainsi de compenser l’absence de photographie et de se faire une idée de l’apparence de cette propriété aujourd’hui disparue. A la lecture de ces documents, la maison de campagne, ses dépendances, son écrin de verdure posés sur une amorce de versant vallonné ne font-ils d’ailleurs pas penser aisément à ces descriptions contemporaines du pays de Caux en Normandie, si chères à Maupassant, en ses Contes et Nouvelles ?

 

 

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